Soutien en prison : l'expérience du MOC en Espagne

Mouvement pour l'objection de conscience au Pays basque (KEM-MOC)

                                                                                                                                                                       L'expérience du MOC (Mouvement pour l'objection de conscience) dans l'aide aux personnes incarcérées repose sur une campagne de désobéissance civile contre le service militaire obligatoire (la campagne d'insoumission, de 1971 à 2002), durant laquelle des milliers d'insoumis ont été emprisonnés. Durant cette période, plusieurs façons de soutenir les prisonniers ont été suggérées et testées. L'une des plus appréciées, sans aucun doute, a été celle des « groupes de soutien ».

Imaginons un cas concret pour illustrer le mode de fonctionnement de ces groupes. Bixente Desobediente (« Vincent Désobéissant ») est un insoumis qui devra purger une peine de 2 ans, 4 mois et un jour. Il lui faut convoquer une réunion avec des personnes qui lui sont proches (famille, amis), plus quelqu'un du mouvement des objecteurs. À la première réunion assistent sa copine, sa sœur, trois amis du voisinage, un pote de la fac, un cousin, un gars qu'il a rencontré dans un groupe de discussion antimilitariste et un voisin. Ce groupe étudie sa décision d'être un insoumis, discute des raisons de ce choix et des conséquences que cela pourrait entraîner. Comme les personnes présentes ne comprennent pas toutes des concepts comme la désobéissance civile, la non-violence, l'action directe et l'antimilitarisme, le groupe se penche aussi là-dessus. Au cours des réunions suivantes, elles fixent des objectifs. Après beaucoup de réflexion et de discussions, elles aboutissent aux points suivants.

Soutien émotionnel Il est important de soutenir Bixente pendant la période précédant son procès, au tribunal même, et en prison. Il est suggéré d'affréter un car pour que toutes les personnes le souhaitant puissent aller au tribunal et assistent au procès. On suggère aussi de rendre visite à Bixente en prison et d'encourager d'autres personnes à lui écrire des lettres. L'idée est qu'il ne doit pas se sentir seul et qu'il devrait garder un contact permanent avec des amis qui le soutiennent. Ce soutien devrait également être étendu à ses proches, par exemple à ses parents.

Soutien logistique À la fois avant son procès et en prison, Bixente aura besoin d'une aide matérielle. Avant son procès, il entrera dans la clandestinité pour éviter d'être arrêté et placé en détention préventive ; des personnes devront donc déplacer ses affaires depuis l'endroit où il se trouvera jusqu'à un nouveau refuge, pour qu'il ne soit pas attrapé. En prison, il lui faudra des livres et du papier pour poursuivre ses études. C'est aussi le travail du groupe de soutien.

Travail politique C'est le MOC, le mouvement auquel Bixente appartient, qui est chargé du travail politique. Cela étant, le groupe de soutien peut y collaborer en rejoignant les actions de protestation organisées par le MOC, notamment celles qui sont liées à son procès et à son incarcération. En même temps, le groupe de soutien peut avoir accès politiquement aux endroits où Bixente est connu (comme son environnement proche et l'université), afin de maximiser le bénéfice octroyé par la désobéissance de Bixente et d'autres prisonniers. Le groupe de soutien peut aussi mettre en place une liste électronique de diffusion (e-mails) pour informer sur son cas, ainsi qu'un site Web donnant des informations sur lui, l'antimilitarisme, la résistance fiscale contre les dépenses militaires, l'éducation à la paix et autres sujets liés. De temps en temps, Bixente peut écrire une lettre que l'on pourra faire circuler. Le groupe de soutien peut aussi coordonner son travail avec le MOC (par exemple, un de ses membres peut assister aux réunions du mouvement) en vérifiant que ses actions se situent dans la ligne de la campagne générale menée par le MOC.

Les groupes de soutien constituent une aide importante, non seulement pour le prisonnier mais aussi pour le mouvement de l'objection. Ils partagent leur travail avec d'autres et servent de portes d'entrée pour que des personnes rejoignent le mouvement. La coordination entre le groupe politique, le groupe de soutien et le prisonnier lui-même est essentielle. Il est important que la communication soit stable et fréquente. Les appréciations politiques émanent du mouvement politique, et non de la prison ; cependant, il est important que des membres des deux groupes effectuent des visites en prison afin de développer et de coordonner le travail politique.

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